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Baila, amigo!

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On évoque beaucoup Cuba dans l’actualité avec la tentative de normalisation de ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Zikarennes vous propose donc une immersion sonore dans le paysage musical de l’île en forme de crocodile.

La musique cubaine trouve sa source dans la fusion des cultures espagnoles, françaises, africaines et indiennes, à dose plus infinitésimale car la persécution et l’extermination de ces derniers a fortement diminué leurs influences. Divers courants se rassemblent sous l’appellation « musique cubaine »: du son des papys du Buena Vista Social Club, immortalisé par Wim Wenders, au dancehall très en vogue chez les jeunes générations, en passant par le danzón, le mambo, la trova (chansons romantiques ou révolutionnaires), la rumba afro-cubaine, la timba, la guaracha (chansons burlesques et satiriques pour choeurs et soliste souvent sous forme de questions-réponses), le cha-cha-cha

Feu Compay Segundo du Buena Vista Social Club

Feu Compay Segundo et Omara Portuondo du Buena Vista Social Club qui remit Cuba sur le devant de la scène internationale.

Il existe peu de pays dans le monde où la musique soit aussi présente. De La Havane à Santiago, les notes s’échappent des arrière-cours des bâtisses coloniales, des autoradios des vieilles américaines, des temples de santeria où les tambours rythment les cérémonies, des lecteurs CD autour desquels les adolescents chantent et dansent, des bars et restaurants où les groupes jouent en live les tubes « chan chan » ou « guantanamera ».

Le son cubain, né à la fin du XIXème dans l’Oriente, est fondé sur un rythme à quatre temps. Dérivé du changui qui lui confère son origine paysanne, il est joué par un trio: un tres, un bongo et une marimbula. Il ne cesse d’évoluer au gré des lieux et des époques en fusionnant avec d’autres rythmes sans renier ses racines. De trois musiciens, les orchestres souvent militaires passent à six (Sexteto) puis sept (Septeto) avec l’arrivée de la trompette: Sexteto Habanera, Septeto Nacional…

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Le son est l’ancêtre de la salsa et de la timba dont les plus fervents représentants sont les musiciens du groupe Los Van Van. Le terme générique salsa est plus utilisé par les touristes que les cubains. Il signifie sauce en espagnol et rassemble plusieurs rythmes et courants musicaux. Les confusions entre salsa cubaine et portoricaine (Ray Barretto, Tito Puente…) sont fréquentes. Le brassage musical et les performances entre musiciens comme ci dessous la cubaine Celia Cruz et le portoricain Ray Barretto n’arrangent pas les choses. Ce savant mélange creuse le sillon de la scène boogaloo new-yorkaise dans les années 60.

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Le grand chanteur-compositeur à la voix de ténor Beny Moré modernise le son, après un séjour au Mexique, et le fusionne avec le mambo et le boléro dans les années 50. La tradition encore vivace à Cienfuegos, berceau du chanteur, veut que les musiciens versent quelques gouttes de rhum sur le sol pour abreuver celui qu’ils considèrent comme el barbaro del ritmo (le barbare du rythme).

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La musique est une forme d’évasion pour les fermiers espagnols en provenance d’Andalousie et les esclaves africains après une journée de travail dans les champs et les plantations de tabac et de sucre. La guitare devient l’instrument emblématique de la guajira, une sorte de blues cubain. Au début du 20ème siècle, les plus talentueux quittent leur campagne pour la ville et certains comme Guillermo Portabales enregistrent même des chansons.

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La rumba, plus percussive, est la plus africaine des musiques cubaines même si ses origines mélodiques sont attribuées aux andalous. Née dans la province du Matanzas à la fin du XVIIIème, elle se joue n’importe où dans la rue et avec n’importe quoi: le plus souvent un tambour (conga, bongo…) mais une cuillère, un tiroir, une boîte font largement l’affaire. Parmi les nombreux courants de rumba, on retient 3 styles toujours pratiqués: le guaguanco, le yambù et la columbia.

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La musique cubaine connaît son apogée au milieu du XXème siècle avec l’explosion du mambo et du cha-cha-cha. En 1959, à la veille de la révolution, alors que Cuba la décadente vit les dernières heures de l’ère Batista, les orchestres jouent partout dans les casinos, les hôtels, les bars et les boîtes de nuit. Il faut remonter jusqu’au XVIIIème siècle et la fuite d’Haïti vers l’Oriente des colons pour trouver les racines françaises du brassage musical cubain. Ils apportent avec eux la contredanse (sorte de country française) à l’origine du danzon. Jouée en trio (piano, flûte, violon) puis en charanga, elle s’africanise pour devenir ensuite, dans une version plus syncopée avec le contrebassiste Israel « Cachao » Lopez, le mambo (popularisé par Perez Prado) et dans une version moins rythmée le cha-cha-cha.

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Le jazz et l’improvisation découlent du pont musical établi au XXème siècle entre La Havane et New Orleans qui relie entre elles le jazz nord-américain, les théories européennes et les percussions afro-cubaines avec comme représentant le groupe Irakere fondé par Chucho Valdès.

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Le hip hop cubain connait aussi son heure de gloire avec un petit scandale digne des meilleurs rendez-vous avec X sur France inter: En 2002, le gouvernement omnipotent crée une agence cubaine du rap pour surveiller un milieu calqué sur la culture américaine et promouvoir les artistes dont le message correspond à la ligne officielle du parti au mépris de la scène underground plus virulente à son égard. En souterrain, la plupart des disques sont faits maison et les lieux de concerts sont tenus secrets jusqu’au dernier moment. L’agence américaine pour le développement international a rapidement compris que le terreau était très fertile pour lancer une révolte anti-castriste chez les jeunes cubains. Elle a alors financé des festivals, la création d’un tweeter cubain Zunzuneo (tentative soldée par un échec) et aidé à la promotion des rappeurs critiques envers la politique du gouvernement de Raul Castro comme le duo Los Aldeanos qui a déclaré plus tard ne pas être au courant des ingérences del tio Sam. Le gouvernement cubain par nature soupçonneux, lui, s’est très vite douté des intentions de son meilleur ennemi et est parvenu à contrecarrer les plans américains.

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La scène hip hop compte dans ses rangs de bons groupes qui fleurent bon el ron y el puro tels que Obsesion ou Orishas. A voir l’excellent documentaire « Esto es lo que hay » sur le hip-hop contestataire et la censure au pays des frères Castro, sorti début septembre 2015 dans les salles obscures.

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Aujourd’hui les jeunes générations ne jurent que par le cubaton, sorte de reggaeton chanté (vocodé) en espagnol par de jeunes hommes très bien coiffés et illustré dans les clips avec des jeunes filles très court-vêtues… !Qué calor! Mesdames, mesdemoiselles, Zikarennes vous offre un cours de danse gratuit pour mystifier vos copines sur le dancefloor:

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Ne nous remerciez pas, c’est cadeau!

Vous trouverez de nombreux documents sonores, audiovisuels et imprimés qui illustrent le joyeux métissage de la culture musicale cubaine dans les rayons des bibliothèques de Rennes. Faîtes vos recherches ici. Le pôle musiques de la bibliothèque des Champs Libres vous propose également une table thématique pour découvrir ou re-découvrir quelques grands noms de la musique cubaine.

[Edit le 2 septembre 2015]


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